19 nov. 2015

Paris je t'aime


Petite parenthèse ou plutôt grande.
Je voulais m’exprimer par rapport aux évènements tragiques qui se sont produits. J’ai encore du mal, mais il faut le dire, ce ne sont pas des évènements mais des attentats.  Parce que l’écriture a toujours été pour moi un exutoire. Mettre des mots sur ce que l’on ressent c’est faire sa catharsis, même si certain diront que ça ne changera pas le monde. (Qu’est ce qui le changera au fond ?)Après le choc, la tristesse, et puis je dois l’avouer la peur. La guerre, les morts et l’état d’urgence. 1, 2 et puis 3 bombes sonores qui alimentent le discours de M. Hollande. Le champ sémantique de la guerre s’installe confortablement dans mon salon (merci BFM TV), et je ne comprends pas bien ce qui se passe à ce moment là. Hier je pensais être en sécurité, heureuse de vivre dans la plus belle ville du monde mais aujourd’hui la France est en guerre. Est ce que je suis pour la guerre ? Je vous répondrai non parce qu'elle alimente la haine mais je ne m’étalerai pas sur le sujet car je ne veux pas parler politique. La phase post choc s’empare de moi.
Je suis triste, très triste et profondément touchée. Je pense aux victimes, à leurs familles, à leurs amis. Je suis mal, profondément mal. Et je me dis : ça aurait pu être moi, toi, ou n’importe qui.  Je sais que des attentats se produisent tous les jours dans des pays que je chéris, des pays frontaliers au mien. Mes pensées à toutes les victimes de Beyrouth (que les médias ont passé sous silence), de Souss, de Turquie, de Syrie et de Palestine.  Pensées à tous ces enfants, ces familles, obligés de vivre dans la terreur toutes les secondes de leurs vies. Je n’ai jamais autant ressenti ce que cette souffrance pouvait être jusqu’à ce 13 novembre.
Je suis arrivée à Paris il y a 5 ans déjà, et Paris m’a prise dans ses bras. Pendant 5 ans, je ne me suis pas lassée de me balader dans les rues piétonnes du Marais, de m’extasier devant la Tour Eiffel et l’Opéra, de savourer des brunchs en terrasse, d’aller au cinéma, de respirer la liberté. Paris, ville des Lumières, au sens premier et au sens figuré. Paris, mon beau Paris, je ne fais que t’aimer encore plus, de jour en jour, et personne ne m'empêchera de t'aimer. Puis, alors, que comme vous tous je suppose, je faisais mon deuil, dans mon lit devant BFM toujours. Et l’habituel série d’amalgames couplée à la montée du FN surgit. Force est de constater que la seule religion où l’on fait bien l’amalgame est l’islam.
J’en viens même à me demander si je suis bien légitime à faire le deuil dans mon lit quand je vois que le compte twitter du FN gagne +30 000 followers en un soir ?
Et puis merde, ça me prend aux tripes, je vis ici, j’étais visée alors oui je suis légitime !
En tant que musulmane, bien fière d’être musulmane,  j’ai le devoir de rappeler que ces « djihadistes », « integristes », « islamistes » (tant de mots en istes qui pour moi ne veulent rien dire mais passons) sont tout sauf musulmans. Non pas parce que je ressens le besoin de me dédouaner de tels actes. Ceci est une évidence. Mais parce que j’aimerais qu’on comprenne mieux mon Islam, ou plutôt qu’on tente de le comprendre, sans le condamner à tout va, par tous les moyens. Au passage, un grand merci aux médias, qui alimentent la haine en insistant, par exemple, sur l’origine «  marocaine » du présumé terroriste belge. Vous comprenez, il avait du sang « arabe ».
Un verset du coran dit : «  Et quiconque tue une âme c'est comme si il avait tué l'humanité toute entière» Coran, Sourate 5, verset 33. Je pense que c’est clair, limpide comme de l’eau roche. Assez clair pour expliquer au monde entier, que non ces personnes là ne sont pas musulmanes. Cette Hijra, ce sentier de Dieu est monté de toutes pièces. Il n’est même pas mentionné dans le Coran. Voilà, je voulais simplement apporter ces quelques précisions.
Enfin un message adressé à ces monstres, qu’importe leur religion, leur nationalité ou leur couleur ( je m'en fiche) : je suis musulmane, fière de l’être. Marocaine et fière de l’être. Parisienne et fière de l’être.  Je suis une femme libre, avec un cerveau  qui fonctionne, un cœur plein d’amour et une envie de vivre. Vivre  tout le temps que j’ai à vivre et avec le sourire. Je souris à  ta gueule de monstre et j’enmerde ton cœur de pierre. J’ai pitié pour toi, embrigadé que tu es. J’ai mal pour toi, car tu ne sais plus aimer. Et enfin, tu n’auras pas ma haine.
Alors, maintenant, le cœur un peu plus léger, j’ai décidé de ne pas arrêter de vivre. Je continue à fréquenter les restaurants, les cinémas, à acheter des places de concerts et à aimer plus que tout. Je continue à prendre des photos à tout va, à poster des outfit of the day et j’essaye, difficilement (avec les assauts, les fausses alertes et la paranoïa générale)  d’aller de l’avant. Bien sur, il faut rester prudent, je le sais et je le suis dans la mesure du possible. Finalement, la vie ne tient qu’à un fil. Alors il faut profiter, chanter (même faux), danser jusqu’au bout de la nuit, pleurer devant des films d’amour, frissonner devant des chansons  "cucu" , apprécier la bonne cuisine, voyager, découvrir, partager et surtout aimer jusqu’à ne plus en pouvoir. 

Et d’ailleurs à ce propos, merci à toutes pour vos snaps, instagram et inboxs. Ça me fait chaud au cœur. Merci à celles qui me suivent depuis le début et celles qui viennent de rejoindre la famille. Mille mercis, je vous aime.


Insaf



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