4 juil. 2023

Mon récit d'accouchement - AVAC


Contexte:

On est donc mercredi 21 juin. Je suis à 37+4 SA et j'avais mon rendez-vous chez ma gynécologue pour voir si mon col avait commencé à se dilater. C'était le moment de vérifier si le sport intensif, les longues marches des dernières semaines, les squats, les massages du périnée, les feuilles de framboisier, les dates et l'ananas avaient fonctionné 😂 (oui, j'ai vraiment fait tout mon possible pour préparer mon corps et le stimuler en vue de l'accouchement).

Pourquoi ? Je souhaitais tenter un AVAC (accouchement vaginal après césarienne) et pour cela, il fallait mettre toutes les chances de notre côté. Il faut savoir que le gros risque d'un AVAC (bien que très minime) est la rupture cicatricielle de l'utérus, déjà fragilisé par une césarienne. Afin de minimiser ce risque, il faut que le poids du bébé soit convenable et que plusieurs conditions soient réunies (je pars également avec un avantage car ma césarienne date de 5 ans).

Dans le cadre d'un AVAC, il est également impossible de déclencher le travail par rupture de la poche des eaux ou par injection d'ocytocine si le travail ne s'est pas déjà déclenché sans intervention. Il faut donc que les choses se produisent naturellement avant de pouvoir éventuellement recourir à ses méthodes. En revanche, on peut toujours aider le corps au déclenchement naturel via des méthodes douces (comme celles mentionnées précédemment, bien que la liste ne soit pas exhaustive).

Mercredi 21 juin

9h00

J'arrive donc chez mon médecin et bonne nouvelle, mon col est mou, dilaté à 1 cm. Nous pouvons donc procéder à un décollement des membranes pour espérer déclencher le travail. Ensuite, je me rends à la maternité pour un monitoring : le bébé va bien et j'ai une contraction toutes les 10 minutes, même si pour l'instant je ne les ressens pas vraiment.

11h00

Je rentre chez moi par la suite, mais dans ma tête, je ne me sens pas encore prête. Je voulais passer mon après-midi au cinéma avec Hady et surtout assister à son spectacle de fin d'année le lendemain. Je décide donc de ne pas marcher ce jour-là 🙈.

Pendant toute la journée, je commence à ressentir des contractions plutôt indolores et irrégulières. Ce sont des contractions que je ressentais d'ailleurs déjà depuis une petite semaine. Elles ressemblent à de légères douleurs menstruelles et sont supportables. Le mercredi soir, je suis réveillée par deux fortes contractions et je n'arrive pas à me rendormir par peur de ne pas pouvoir assister au spectacle du lendemain. J'essaie également d'être à l'écoute de mon corps, de comprendre si la contraction est réelle ou non. (Il faut savoir que mon corps travaille pour la première fois, même s'il s'agit de mon deuxième accouchement, car je n'avais jamais ressenti de contractions pour Hady.)

Jeudi 22 juin (1/2)

Il est 8h45, nous sommes à l'auditorium pour assister au spectacle de Hadychou. Pour moi, c'était l'événement qui clôturait le cycle : il y a eu sa fête d'anniversaire, celle de son meilleur ami, puis le spectacle. Je voulais être présente pour toutes ces occasions avant d'entamer une nouvelle étape. J'ai d'ailleurs pleuré comme une madeleine tout au long du spectacle.

Une fois le spectacle terminé, dans ma tête, je me dis que je suis prête et que je dois mettre les bouchées doubles pour faire venir ma petite Lyne. Je rentre à la maison et je me sens barbouillée. J'ai bien des contractions, mais elles ne sont toujours pas douloureuses. En moyenne, une toutes les 10 minutes, mais encore une fois, elles sont peu intenses et surtout à intervalles irréguliers.

17h00

Je décide quand même d'aller faire un monitoring à la maternité (je saurai plus tard ce qu'est une vraie contraction et je réaliserai que ce n'était clairement pas le cas 😅). Fausse alerte donc ! À la maternité, on m'examine et je suis toujours à 1 cm, mon col est toujours long. La sage-femme décide, avec l'accord de mon médecin, de me refaire un décollement des membranes. Quelques minutes plus tard, je ressens des contractions beaucoup plus intenses, mais elles restent à intervalles irréguliers.

Jeudi 22 juin (2/2)

Monitoring terminé, nous rentrons à la maison. Je me sens épuisée après cette journée et cette nuit blanche. Mon corps a tout de même contracté toute la journée et mentalement, cet état d'attente m'a vidée. Je décide de prendre un bain chaud, de manger les pâtes que mon chéri a préparées, et de dormir. Je me dis que le lendemain, je reprendrai une vie normale en mode: sport, routine etc et que j'allais juste lâcher prise comme j'ai plutôt l'habitude de le faire lorsque je ne peux pas contrôler une situation.



21h00

Nous sommes donc jeudi, il est 21 heures. Après le bain et les pâtes, je me mets au lit. Cependant, de 21 heures à 22 heures, je ressens des contractions qui deviennent douloureuses. Je commence enfin à reconnaître cette sensation de vague qui part du dos, vous enveloppe vers le bas du ventre, remonte jusqu'à l'abdomen avec un pic de douleur et provoque une contraction de tout le ventre avant de se relâcher. À ce moment-là, la douleur était d'environ 4/10 (10 étant le maximum), et j'avais une contraction toutes les 10 minutes environ.

J'essaie d'ignorer cette douleur et de me rendormir, mais les douleurs deviennent de plus en plus intenses. Entre-temps, ma gynécologue me contacte via WhatsApp pour me demander où j'en suis. Je lui décris la situation et lui explique que je vais commencer à chronométrer précisément les contractions pour voir si je dois me rendre à la maternité ou attendre encore un peu. (Il est recommandé de se rendre à la maternité lorsque l'on ressent des contractions intenses toutes les 5 minutes.)

Vendredi 23 juin (1/5)

Jusqu'à 2 heures du matin, les contractions continuent de s'intensifier. J’arrive à les contrôler à l’aide de bains chauds, en bougeant et en utilisant des exercices de respiration. J’avais prévu pour cette phase une playlist mais en réalité ce n’est pas du tout ce que j’avais envie de faire à l’instant T. J’ai beaucoup visualisé la Sardaigne ; le son des vagues, et je me suis concentrée sur la respiration). Dans mon cas, il était absolument nécessaire que je sois debout et en mouvement pour contrôler les contractions. Celles où j'ai dû rester assise étaient les plus douloureuses (y compris dans le bain et le pire : dans ma voiture 😅).

Othmane et maman se relayaient pour m’accompagner et me soutenir et même si la douleur était très aiguë, j’étais heureuse de vivre ses moments, j’avais littéralement l’impression que mon corps donnait la vie, je me répétais sans cesse que j’étais capable de soutenir cette douleur, que mon corps était fait pour et que je l’avais très bien préparé!


Il est 2h du matin, et même si les contractions n’étaient pas encore suffisamment rapprochées, cela faisait plus de 5h que j’enchaînais cette phase de pré-travail. Je décide donc de me rendre à la maternité, de nouveau.

On me fait un examen et un monitoring, et là, mauvaise surprise : mon col n'a pas évolué, il est toujours long et à 1 cm.

En gros j’étais en souffrance extrême ( 8/10 ) mais sans aucun résultat. Mon médecin décide de me garder deux heures pour voir l’avancement des choses et ensuite d’établir un plan si jamais les choses n’avancent pas.

Vendredi 23 juin (2/5)

De 3 heures à 4 heures du matin, les contractions deviennent plus longues et extrêmement douloureuses (je n'arrive plus du tout à respirer pendant les contractions) et je ne peux plus rester debout. Othmane m'encourage en me disant que les contractions se rapprochent et qu'il y a bien 5, voire 4 minutes, entre chaque contraction depuis plus d'une heure.

La sage-femme arrive alors pour m'examiner et me dit : "Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais ça marche !"

Bingo, mon col commence à se raccourcir, il est à 1,5 cm et le vrai travail commence ! Avec l'accord de mon médecin, je décide de rentrer chez moi pour poursuivre le travail à la maison. On se sent toujours plus à l'aise chez soi, et il est important d'être dans un environnement paisible pour stimuler l'oxytocine. De plus, chez moi, je pouvais prendre des bains chauds et crier en paix 😅.

Je crois que j'ai vécu les deux heures les plus intenses en termes de douleur de toute ma vie. De 4 heures à 6 heures du matin, les contractions étaient d'une intensité de 10/10 et de plus en plus rapprochées. On est passé de 5 mn, à 4mn puis à 3. Je n’avais même plus le temps de respirer. J’avais l’impression que mon âme partait à chaque contraction.

A 6h00 du matin, Hady se réveille et je ne voulais absolument pas qu’il me voit dans cet état. Maman s’occupe donc de lui et moi je demande à Othmane d’appeler le doc et de lui expliquer que ça y est je n’arrive littéralement plus à parler : que faire?

Elle dit que cette fois c’est la bonne et que c’est le moment de revenir à la maternité (jamais 2 sans 3 -lol)


Vendredi 23 juin (3/5)

Il est 6h20 et mon médecin arrive pour m'examiner à nouveau. Mon col s'est bien raccourci, je suis à 2,5 cm et elle prononce les mots magiques : on va pouvoir poser la péridurale ! Le terme "péridurale" résonne comme une grâce divine, littéralement. L'anesthésiste arrive et me pose la péridurale. Tout se passe parfaitement bien. Et là, c'est presque instantané. La magie opère. Je ressens de moins en moins de douleur, jusqu'à ne plus du tout ressentir les contractions. Je suis assise en position "papillon" pour aider la tête du bébé à descendre pendant que mon corps continue de se contracter. Je suis enfin soulagée. Avec Othmane, nous mettons la série "Succession" que nous regardons depuis quelques jours et nous nous endormons pour reprendre un peu de force.

Il est 8h00 lorsque le médecin revient pour voir où les choses en sont. Je suis à 3 cm, elle rompt la poche des eaux et me dit qu'elle reviendra me voir vers 13h00.

Vers 10h00, on m'injecte une petite dose d'ocytocine pour stimuler les contractions qui ont légèrement diminué en intensité à cause de la péridurale. Tout se passe pour le mieux, le bébé réagit bien et moi aussi.

Pendant ce temps, avec Othmane, nous discutons. Nous faisons des pronostics, nous visualisons le moment où nous allons rencontrer notre bébé, chose que nous n'avions pas fait auparavant. Je ne voulais pas trop planifier ce moment. J'étais dans l'optique de faire tout mon possible pour un accouchement par voie basse, mais je ne voulais pas m'obstiner ou imaginer un plan parfait. Je voulais aussi laisser place à la spontanéité. J'avais en tête certaines choses importantes pour moi et d'autres qui étaient des "nice to have".


Vendredi 23 juin (4/5)

Avec Othmane et sur les conseils du médecin, nous essayons de dormir, sachant que j'aurai besoin de forces pour la poussée.

13h00:

Mon médecin arrive et à ce moment-là, mon col est complètement ramolli et bingo, je suis dilatée à 7 cm ! Nous ne nous y attendions pas du tout, et la sage-femme non plus ! (Je vous rappelle que c'est mon premier accouchement, que nous sommes à 37+6 SA, donc pas à terme). Elle m'explique que c'est assez rare mais fabuleux !

Nous sommes extrêmement heureux, la voie basse se confirme de plus en plus. À ce moment-là, je commence à ressentir une pression vers le bas qui devient de plus en plus forte. 30 minutes plus tard, je ressens même les contractions à nouveau. Elles deviennent très intenses et je réalise que la pression vers le bas est en fait la tête du bébé !

13h55:

Je demande à la sage-femme de m'examiner et elle m'annonce alors que je suis dilatée à 9 cm ! La pression devient de plus en plus forte et les contractions de plus en plus douloureuses. Je mets alors Sourate Mariam pour me donner de la force et m'accompagner dans ces moments. Il est 14h10 et je vois mon docteur en tenue. Je lui demande de me voir à nouveau car mon instinct me dit que c'est le moment, même si le dernier examen a été fait 15 mn auparavant. Elle vérifie donc et me confirme qu'effectivement, je suis complètement dilatée et que la tête du bébé est bien en bas.

C'est donc l'heure de la fameuse poussée.


Vendredi 23 juin (5/5)

Lorsque la contraction arrive, il faut prendre une grande inspiration, puis pousser en retenant l'air, comme si vous aviez envie d'aller aux toilettes (pas glam ) but that’s how we push !

La douleur est si intense que dans ma tête je suis en mode : let’s get this done with and meet baby. Je l’ai un peu pris comme un challenge sportif, la fin d'un marathon, ou une balle de match à plier le plus rapidement possible.

J’ai Oth à ma droite, la sage femme à ma gauche qui me guide et mon docteur en face, qui m’aide à pousser au bon endroit en m'aidant à localiser la douleur pour pousser "là où ça fait mal".

J'ai poussé pendant 3 contractions. À chaque contraction, j'ai poussé en moyenne 3 à 4 fois. La poussée a duré environ 10 à 15 minutes. Et là, mon médecin me regarde et me dit : "Venez récupérer votre bébé". Je finis donc de la sortir (moment absolument pas prévu). Et baby Lyne est née à 14h24, sur Sourate Mariam. Je pose bébé contre moi et c'est l'heure de la première tétée et du peau à peau.

Othmane est avec moi, ce moment à 3 était suspendu dans le temps, magique et inoubliable. Je ne saurais le décrire réellement tellement l’émotion est immense, presque irréelle. Peu de temps après, Othmane coupe le cordon.

Mon docteur m’annonce qu’il n y a pas d’épisiotomie, une petite déchirure superficielle uniquement. Je vis ce moment pleinement, à 100%. On est sur un nuage, on ne réalise pas ce qu’il se passe. Je suis si heureuse d'avoir vécu une experience si intense, à 2 main dans la main, malgré les incertitudes.

Hady et Lyne: la rencontre

Deux heures plus tard, on remonte dans notre chambre. Maman et Hady nous rejoignent et c’est l’heure de la rencontre entre Hady et Lyne. C’était l’un des plus beaux moments de ma vie, qui se passe sincèrement de toute parole. Hady était super heureux de l’accueillir. Les voir tous les 2, c'est peut être le plus beau cadeau que Dieu nous ai fait. Nous étions 4 à présent et je le réalisais enfin, après tous ces mois, ces questionnements, ces peurs, ces appréhensions. Nous sommes 4, et c'est le début d'un nouveau cycle. Bizarrement, et c'est le cas depuis quelques semaines déjà: je/on se sent sereins. On sait à présent que l'on forme une team d'enfer et que même si certains moments seront rudes, on va pourvoir s'en sortir. Et je crois qu'avoir cette certitude, est incontestablement le plus important.

Et maintenant, la question que tout le monde me pose: césarienne ou voie basse?


Dans mon cas ( et j'insiste sur le "dans mon cas" car chaque experience et chaque accouchement est différent): je dirais voie basse sans hésitation. J'ai eu la chance d'avoir un travail et un accouchement de rêve et je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde. J'ai apprécié ressentir toutes les sensations, vivre l'experience à deux, ne rien contrôler et laisser Dieu décider quand bébé arriverait. J'ai aimé le fait de ne pas être dans un processus ultra médicalisé (pas de bloc opératoire, beaucoup de moments seuls, peu d'intervention etc). Et surtout, vivre ce moment en étant consciente à 100% n'a pas de prix. Pour la césarienne, je l'étais mais je somnolais avec l'anesthésie. Le moment où tu pousses pour voir ton bébé sortir est juste magique car tu sens que tu donnes littéralement la vie au petit être qui a grandit en toi pendant 9 mois. Enfin, le plus dingue pour moi, c'est bien la recovery! Le soir même, je pouvais marcher, prendre une douche. Je suis rentrée le lendemain à la maison. Aujourd'hui, à J+6 post-partum, je me sens plutôt en forme, hormis quelques picotements au niveau des points de sutures. Mais absolument rien avoir avec le post-op césarienne. Et surtout à horizon plus lointain, avec une VB, tu peux faire ta réeducation et reprendre le sport bien plus rapidement qu'avec une césarienne. Et pour toutes ces raisons, qui encore une fois sont propres à mon experience, je dirais Voie Basse.

Je termine par dire qu'aucune option n'est simple, aucune n'est facile. J'ai vécu les 2 et aucune ne mérite d'être qualifié de "confortable". L'accouchement est de fait, difficile, le corps se surpasse et je pense qu'il est important de faire le choix qui nous convient le plus et surtout de toujours se concentrer sur l'essentiel: la santé de la maman et celle du bébé

Avec beaucoup d'amour,

Insaf



1 commentaire :

  1. Hamdullah 3la slamtek Insaf merci beaucoup pour le partage . Allah ykhalilek H&L 🤲🏽

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