23 sept. 2020

Partage d’expérience (2) : mon récit d’accouchement

 


Nous sommes donc le 11/08/2018, 6h30 du matin.

J’arrive à la clinique et je ne sais pas vraiment ce qui m’attend. Car, toujours dans cet état d’esprit de ne pas vraiment me renseigner sur les choses et de les prendre comme elles viennent, je ne savais pas réellement ce en quoi consistait la césarienne.

J’avais même entendu ici et là, qu’il s’agissait de l’option la plus simple, d’une solution de « confort ». Je me demanderai quelques heures plus tard, après avoir été endormie sous morphine le premier soir : où se trouvait le confort ?

Il est 6h30 du matin, je rentre au bloc. Je n’avais pas de projet de naissance, pas de playlist, pas de volonté particulière. Vous laurez compris, je n’avais pas réellement cristallisé ni imagine ce moment dans ma tête. Car il s’agissait tellement pour moi d’une abstraction, que je n’arrivais pas à le visualiser.

Je suis donc au bloc, plutôt souriante et confiante.

Il est 7h10. On m’injecte la dose d’anesthésie, je ne me souviens pas avoir senti une douleur particulière, j’étais plutôt calme et sereine.

Nous y voilà donc, je ne ressens plus la partie inférieure de mon corps.  Mais je sens tout de même qu’il y a du mouvement dans mon ventre, que mon bebe s’apprête à arriver. Que la rencontre approche.

7h35, Hady est né. Et j’ai la larme à l’œil rien qu’en y pensant. Il est là, sur mon torse, il pleure, et je pleure également. Je n’y crois pas. Je pleure, je pleure, je ressens un bonheur énorme et c’est à ce moment-là que je comprends ce qu’est l’instinct maternel. Je me sens maman, je ressens un amour instantané, inconditionnel, incomm



ensurable pour ce petit être, que j’appellerai désormais mon fils. Ma plus belle surprise. Mon cadeau du ciel. Je me sens responsable de son bonheur. Je me sens aussi confiante, comme si être maman était un de mes talents cachés dont je n’avais pas conscience. Un talent qui venait de se révéler.

Le corps médical s’occupe alors de Hady pendant que l’on me transfère dans la salle de réveil.

J’attendais avec impatience que l’effet de l’anesthésie disparaisse afin de retrouver Hady, mon mari et mes proches qui m’attendaient tous dans la chambre. C’était les deux heures les plus longues de ma vie.

10h30, je remonte enfin ! Hady se réveille, et je lui donne sa première tétée avec Othmane à nos côtés. Une première tété magique, qui restera mon plus beau souvenir de cet accouchement. Je réalise par la suite que je suis chanceuse car l’allaitement se passe bien des le départ, Hady réussi à prendre le sein, et je ne ressens pas de douleurs particulières.

Midi, les visites commencent. Et en même temps, l’effet de l’anesthésie disparait. Et je ne vais pas vous le cacher, j’ai eu très mal. J’avais réellement l’impression d’être coupée en deux. A chaque tété, l’utérus se contracte (sachant qu’il venait d’être ouvert), je vous laisse imaginer la douleur.

Je n’avais qu’une envie, c’était de me retrouver avec les gens les plus proches, ceux avec qui je n’avais pas besoin de faire semblant. Car oui, j’avais mal, et j’étais encore chamboulé, entre émotion et douleurs.

En l’espace de 10 mn, j’étais devenue maman et je venais de subir une intervention chirurgicale. Et la majorité des personnes que vous avez en face de vous a l’instant T semblent oublier ce petit détail.

En toute transparence, ces trois jours à la clinique étaient loin d’être le meilleur de mes souvenirs. Bien que le personnel et le corps médical aient été aux petits soins, je ne me sentais pas bien. On arrive donc au fameux baby blues.

Nous sommes au jour 2, on essaye de me faire marcher, et je m’évanouie littéralement en essayant de me lever tellement la douleur était forte. Je réussi a quand même à me lever mais je ressens à ce moment-là un sentiment d’injustice profonds. Pourquoi devais-je subir une telle douleur ?

Ce sentiment d’injustice ne m’a pas quitté les jours qui ont suivi. J’ai beaucoup pleuré sans savoir réellement pourquoi. J’étais très à fleur de peau. Ce que je savais, c’est que ça n’avait rien avoir avec mon rôle de maman que j’assumais très bien et qui me rendait heureuse. Ça avait plus avoir avec la façon dont mon entourage se comportait avec moi. La façon dont j’étais désormais perçue.

J’avais tellement appréhendé ce moment où j’allais devenir mère, et peut être tellement montré à tort que j’allais avoir besoin d’aide, que j’ai eu l’impression qu’on ne me faisait pas confiance.

Pas confiance en mes choix, mes gestes, mon instinct.

J’ai aussi ressenti que, aux yeux de beaucoup, je n’étais plus Insaf, mais juste une « pondeuse ». Très peu sont les personnes qui se sont souciés de mon état physique ou psychologique. Très peu sont les personnes qui comprenaient à quel point c’était important pour une jeune maman de se sentir comprise, choyée, considérée. Et le fait de n’avoir personne de mon âge, dans la même situation que moi n’a pas aidé !

Je parle bien sûr de mon ressenti, de ma perception, qui s’éloigne certainement un peu de la réalité. Mais ce n’est que des mois après, que je réaliserai que j’étais en post-partum, et qui bien que banalisé, il est bel et bien réel !

C’est également à ce moment-là que je découvre les fameux groupes Facebook de « mamans ». Ces groupes qui se veulent bienveillants sont pour moi les sanctuaires du « mom-bashing ». Pour vous la faire simple, si vous faites le choix de la césarienne, ou le choix de ne pas allaiter, vous êtes une mère indigne. Je lisais des choses aberrantes, et je me rendais compte que la plus grosse pression sur les jeunes mamans, venaient des jeunes mamans elles-mêmes !  

Conseil d’amis : oubliez ces groupes Facebook, limite sectaire et entourez-vous de gens positifs, qui ne vous jugeront pas quelques soient vos choix, surtout dans un moment ou vous êtes émotionnellement retournes et psychiquement faible.

 

Bilan de ces deux premières semaines en tant que maman, en vrac comme j’aurais pu vous les écrire il y a deux ans :

Je suis fière de moi, je ne m’attendais pas à être aussi en confiance avec Hady. J’ai mal, encore a ma cicatrice mais je me force à marcher, à sortir au moins une fois par jour et à ne pas trop y penser. Je suis plutôt fière de notre gestion du couple, on ne s’oublie pas même en étant parents. Je suis mitigée par rapport à l’allaitement. D’une part, j’apprécie ce moment mais d’autre part, je trouve l’allaitement trop contraignant. Je continue l’allaitement exclusif sans me poser de question mais décide de ne me mettre aucune pression ni aucune règle. Je commence à manquer cruellement de sommeil. Je suis surprise face à la pression sociétale qui retombe d’un coup sur les jeunes mamans, et la jeune maman que je suis. Je suis aussi déçue, de certains comportements, certains jugements, certaines personnes. Et je suis aussi (et surtout) face à la pression que je m’inflige moi-même : retrouver ma vie d’avant, vite et sans compromettre mon rôle de maman.

La suite au prochain article.

 

 

 

 

2 commentaires :

  1. Merci pour cet article spontané et de ce partage d'émotions sincères. Ça fait beaucoup de bien de te lire, d'ailleurs on se rend compte que même si il ya eu bcp d'avancées en médecine pour "faciliter" les accouchements le côté émotionnel reste totalement passe à la trappe. On a pas le droit de se plaindre, d'être fatiguée de réclamer de l'attention ou juste du respect. L'essentiel c'est de se focaliser sur les moments positifs retrouver son bébé agrandir son petit nid d'amour, au final personne ne sait mieux faire on fait tous du mieux qu'on peut et on apprend. Je suis d'accord pour les groupes "mum shaming" ou on te juge systématiquement si tu as pris trop ou peu de poids, si tu choisis un allaitement exclusif ou pas. L'essentiel dans tout ça c'est juste d'aimer son enfant et de lui donner de l'affection tout le reste est secondaire. Belle continuation à toi et au plaisir de te relire

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    1. Hello Mounia, totalement d'accord avec toi. Merci pour ton sommentaire !

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